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épopée mexicaine
épopée mexicaine
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24 janvier 2007

De Oaxaca au Guatemala

Environ cinq jours ont passé depuis Oaxaca... Cinq jours qui m'ont paru trois semaines! Les journées sont longues et courtes à la fois, dynamisantes et épuisantes, j'oscille entre moments de solitude, de joie, de peur, de curiosité, d'émerveillement... Bref, le voyage c'est comme un breuvage magique dans lequel on puise en concentré l'éventail des émotions humaines.

Une vie entière semble s'être écoulée depuis Oaxaca, mais revenons-y vite fait pour se faire plaisir, histoire de vous montrer mes dernières images et vous faire partager mes dernières impressions. Oaxaca est vraiment une ville chaleureuse et vivante, de celles qu'on pourrait qualifier d' occidentalisée, mais ce terme ne me convient pas parce qu'elle a conservé toutes ses cultures et particularités. Le dernier soir que j'ai passé là-bas, il y avait une sorte de défilé traditionnel et festif de cultures indigènes de là-bas dont je vous envoie quelques photos. Bon, c'est sûr, c'était un peu un truc pour les touristes et puis pour montrer qu'à la suite des évènements politiques qui ont secoué la ville dernièrement, la ville est toute jolie et bien comme il faut et sûre pour les touristes. Mais c'était quand même vraiment agréable, les danseurs respiraient le plaisir de se mouvoir dans leurs costumes tous colorés.

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De manière générale, les mexicains ont une autre manière de concevoir la rue. C'est peut-être dû au climat, mais je pense que c'est tout simplement une autre façon de vivre la rue et l'espace public. Ici les rues sont vraiment vivantes, tout un chacun peut s'y installer et bricoler, vendre ses produits frais, c'est presque un marché constant. Evidemment en tant que touriste visible et différente des locaux comme un phare au milieu d'un terrain de foot, je suis assez souvent sollicitée, mais peu à peu j'apprends à m'y faire et à savoir comment m'y prendre avec les mexicains. En allant chercher mes billets de bus (mission répétitive du voyage), j'ai éte me ballader dans un marché énorme et labyrinthique, percé de centaines de petites ruelles sombres et débordantes, où tu peux trouver tout ce que tu veux. Je parle pas seulement des produits frais, mais également des chaussures, des vêtements, des téléphones, des hamacs, des petites statuettes religieuses, de bougies, d'élastiques à cheveux, que sais-je encore. La culture du supermarché n'a pas encore totalement élu domicile par ici. Le plus impressionnant est certainement le nombre de stands de nourriture, de produits cuisinés de taquerias, installés dans 5 m carrés, à tel point que choisir à quels saints cuisiniers se vouer n'est pas de toute facilité. J'ai d'ailleurs déjà expérimenté des choix douteux, mais dans l'ensemble manger dans la rue est un petit plaisir que je ne me refuse pas.

Pour revenir rapidement aux récents évènements politiques de la ville, j'ai pu en discuter avec un des tenants de l'hôtel Luz de Luna, dans lequel je dormais, avant de partir. Comme je le disais dernièrment, cette insurrection partie d'une grève des enseignants se nourrissait d'un appui populaire très large. D'après lui, la grande majorités des oaxaqueñas soutenaient la lutte contre ce gouvernement fédéral (Le Mexique est divisé en Etats Fédéraux). Aux mains du Parti Révolutionnaire Institutionnel (Un peu paradoxal comme nom...) depuis près de 70 ans, il s'agit d'un mode de gouvernement basé sur la corruption généralisée. Soutenu par le gouvernement national, le gouverneur a pu envoyer l'armée pour réprimer la population désireuse de plus d'équité et de transparence (ici on dit que les gouvernements veulent limpiare leur image). Une grande partie de la population est vraiment pauvre dans l'Etat de Oaxaca, et la masse la plus pauvre est celle des indigènes, qui par conséquent cerclent la ville, un peu comme nos banlieues françaises, quoi. Il faut toujours une population qui trinque, faut croire. En géneral elle est bizarrement un peu plus foncée que la moyenne et le racisme devient un alibi d'oppression économique.
Alors c'est sûr, le tourisme c'est bien, c'est chouette, on veut que tout soit beau et bien pour nous accueuillir, nous les touristes, mais il me semble qu'il faut faire un effort pour ne pas oublier, en étant de passage, de comprendre un peu les réalités sociales au delà des beaux monuments du centre ville. Et oui, derrière les magnifiques églises rénovées se cachent des bidonvilles et de la misère.

Mais j'arrête là mon discours, puisque finalement je participe à cette infernale machine!
Toujours est il qu'après plus de six mois d'un mouvement social aussi long et aussi dur, le gouverneur est toujours en place et les habitants de Oaxaca sont un peu comme écoeurés.

Voici tout de même quelques clichés supplémentaires de mon escale à Oaxaca:

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Ca c'est le site Zapotèque de Monte Alban, et au milieu, pour le plaisir, un crâne perforé. En bonne étourdie que je suis j'ai oublié ce que ça signifiait les crânes perforés... Peut-être même que personne ne le sait. Mais en tout cas, la mort ici, la muerte, est célébrée comme une fête et est très présente dans les cultures mexicaines. On trouve donc aisément des statuettes de squelettes coiffées de chapeaux et de bijoux, c'est macabrement décalé, c'est assez drôle, et ça change de nos têtes d'enterrement!

DSC01871Et puis comme Oaxaca c'est la ville des peintres et des artistes, j'ai pris en photo ce petit pochoir sur un mur de la ville, je le trouvais beau.

Après ces quelques jours à déambuler dans les ruelles aux bus comme des camions et au traffic fou, j'ai pris un bus de nuit direction Tonalà, décrite dans le Lonely Planet comme une bourgade moite et sans intérêt. Pourquoi donc, me direz vous, choisir d'y aller? Bon déjà, j'avais envie d'aller dans un endroit où le Lonely Planeter n'était pas, et puis à 20 minutes de là se trouve Puerto Arista, un petit port pas aristo, sur les bords du Pacifique. J'avais envie de méditer un peu au sens de la vie, alors bon...
Après avoir pris un combi (vous savez, du type combi Volkswagen), qui sont ici très très courants car utilisés comme mini bus, je suis arrivée non sans peine au dit petit port. En effet, les trajets sont souvent quelques peu périlleux, aux mains de conducteurs que le bitume n'effraie pas... Et puis dans le combi en question, je suis tombée sur un mexicain au très gros ventre qui n'arrêtait pas de parler, parler, parler. (et qui au passsage avait l'air d'ennuyer pas mal les gens du combi aussi) Quand je lui ai dit que j'étais française, il a voulu me parler de l'équipe de foot (bah oui, c'est là qu'on réalise que c'est populaire, le foot), et des avions air bus, vous imaginez tout ça en espagnol et moi qui comprend 3 mots sur 40... Mais c'était assez drôle au final. Autre anecdote de combi, je suis tombée avant hier à côté d'un mexicain au chapeau, avec un  regard de cow boy de westerns américains, vous voyez, fixant profondément l'horizon, style un peu philosophe, à qui faut pas faire chier, quoi. Il était vêtu de cette chemise à carreaux caractéristique et d'un jean taille haute. Je descends mes yeux impressionnés de son visage imperturbable pour m'apercevoir qu'il avait à côté de lui un sac de radis. C'est tout mais ça m'a vraiment fait rire sur le moment. Bah oui, les cow boys aussi ils cuisinent des crudités et des p'tits plats...

Mais je m'égare, je m'éternise... Puerto Arista, donc, larvé sur une plage immense, immense, immense, la plus longue du Mexique d'après mon guide Jacob (j'y reviendrai), où il fait une chaleur surprenante dès 9h du matin, et où le Pacifique un peu fougueux vient trimballer ses courants nerveux. Au début, le contact était bizarre, rien ne semblait très sympa à part la plage dans ce petit bled. En plus, en demandant l'endroit où je voulais aller crecher, je me suis faite embarquer dans un petit hôtel minable et glauque assez cher pour ce que c'était... Bref, j'avoue que je me suis sentie la proie d'un grand moment de solitude du genre "Mais qu'est ce que je fous là...???" Et puis bon, en mangeant un taco dehors, un jeune Puerto Aristien, Jacob, est venu me faire la causette et me parler de son pays le Chiapas... C'est vraiment un des côtés très agréables ici... T'es tout seul, tu te sens perdu? Y a toujours quelqu'un de sympa pour venir vers toi, c'est presque inconcevable pour nous, français, pour qui dire bonjour dans le métro est presque un affront.

A partir de là Jacob m'a emmenée vers Boca del Cielo, le lendemain, juste avant dans un endroit qui s'appelle Isla Maria et qui se languit au bord d'une lagune juste avant l'océan. C'était magnifique, et reposant. Je vous envoie donc quelques photos. Ses parents tenant un resto sur la plage, je me suis donc faite héberger par la famille, j'ai dormi deux nuits dans un hamac au bord du Pacifique, les vagues me soufflant leur doux bercement toute la nuit durant. C'était vraiment chouette, même si c'est pas facile de parler avec les gens des petits villages, ni de s'intégrer dans une famille le temps de quelques jours. Mais vraiment supers gentils. Je réalise aussi à quel point je suis chanceuse de voyager: c'est quasiment inconcevable pour eux.

J'en suis partie hier direction le Guatemala, mais ça c'est encore une autre histoire que je vous conterai plus tard. J'embrasse tout le monde.

DSC02029Jacob, mon guide gentil comme tout

DSC02019Petit déjeuner local, noix de coco fraîche, sans téquila (on m'en a proposée!)

Joueurs de Marimba proposant leurs mélodies sur les terrasses de la plage DSC02050

DSC02009Vendeurs ambulants de refrescos ayant pour seul rafraîchissement leur parasol

Sur les lagunes de Isla Maria, les pêcheurs et les hamacs DSC02032

DSC02054La longue plage de Puerto Arista, la playa del sol, animée le week end

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Les deux petites nièces de Jacob à qui j'ai appris les rudiments de la guitare

DSC02017Ici tous les murs sont peints, et ce mur en particulier, qui reflète la guerre des murs que se livrent Coca Cola et Pepsi. Les trajets en bus sont instructifs à ce niveau: Les rats, ils ne laissent pas une charrette, un boui boui, un muret sans leur empreinte exaspérante...

DSC02069Et enfin, coucher de soleil sur la plage, encore une fois c'est cliché, mais quand même c'est pas mal...

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